Facebook est en train de réunir une équipe de chercheurs et chercheuses pour s’intéresser de plus près à une technologie appelée le chiffrement homomorphe. Celle-ci permettrait à Facebook d’utiliser des messages chiffrés pour proposer à ses utilisateurs des pubs ciblés, sans pour autant déchiffrer le contenu réel des messages. WhatsApp, vers qui se tournent les regards, dément toute recherche en ce sens.
C’est le genre de question qui peut vite donner mal aux cheveux. Selon un article de The Information, Facebook aurait demandé à des chercheurs de plancher sur ce problème : « Comment analyser les données chiffrées que s’échangent les utilisateurs sur WhatsApp, dans le but de leur montrer des pubs personnalisées, sans pour autant déchiffrer ses données, assurant par là même aucune intrusion dans la vie privée ? » Vous avez trois heures…
Précisons d’entrée de jeu qu’il s’agit d’un projet de recherche en tout début de développement et qu’il n’y a aucune assurance que Facebook y parvienne un jour.
Marcher sur des œufs
Depuis quelques semaines, les mises à jour et nouveautés se succèdent sur le service de messagerie chiffré, avec notamment l’arrivée du mode multiappareil. On sent clairement que Facebook cherche à trouver un moyen de rentabiliser son app très populaire, tout en évitant à tout prix de déclencher un scandale similaire à celui qui a suivi le changement de conditions d’utilisation en début d’année et a entrainé un exode vers Signal.
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Mais par quel miracle cela serait rendu possible ? Selon le papier de The Information, ce champ de recherche porte un nom bien particulier : le chiffrement homomorphe (homomorphic encryption en anglais).
Le journal se base sur de nombreuses offres d’emploi en lien direct avec cette technologie. Facebook a par ailleurs confirmé qu’elle essayait de construire une équipe pour réfléchir à ces questions.
Le journal, qui a enquêté sur ce sujet, analyse la stratégie de l’entreprise ainsi : « Pour Facebook, le cryptage homomorphe pourrait offrir un moyen de continuer à gagner de l’argent avec des publicités ciblées en fonction de ce qu’il sait des utilisateurs individuels, tout en répondant aux appels des législateurs à prendre la vie privée plus au sérieux et à prévenir l’utilisation abusive ou la violation de ses données. Il pourrait également aider l’entreprise à tirer profit de WhatsApp, dont les messages sont chiffrés, ce qui signifie que Facebook ne peut pas les utiliser pour cibler les publicités. »
Le directeur de WhatsApp dément
Malgré une confirmation du côté de Facebook, le directeur de WhatsApp, Will Cathcart, s’est pour sa part montré beaucoup plus prudent, ce qui est bien compréhensible vu la crise du début d’année.
Dans un tweet en réponse à l’article qui le met en cause, il écrit : « Nous ne poursuivons pas le chiffrement homomorphique pour WhatsApp. » Il ajoute plus loin : « Nous devrions être sceptiques quant aux affirmations techniques selon lesquelles des applications comme la nôtre ne pourraient voir les messages que dans les “bons” cas. Ce n’est tout simplement pas comme ça que la technologie fonctionne. »
Alors pourquoi un message aussi discordant ? Est-ce que Will Cathcart n’est pas au courant ? Cherche-t-il à limiter les dégâts ? Ou bien est-ce que Facebook a d’autres projets pour son équipe de chercheur ? On ne le saura probablement pas de sitôt.
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