C’est un tour de chauffe avant l’IFTM. Récemment nommée au ministère du Tourisme, Olga Kefalogianni était de passage à Paris les 18 et 19 juillet pour aller à la rencontre de l’industrie. Le secteur ne lui est pas étranger : Olga Kefalogianni a déjà exercé ces fonctions de 2012 à 2015. « La France est un des marchés les plus importants pour la Grèce, explique la ministre du Tourisme. Nous sommes ici pour voir comment nous pouvons travailler avec les professionnels du tourisme français, dans l’objectif de préparer 2024 ».
Envisage-t-elle de donner une nouvelle orientation stratégique ? « Avec la pandémie tout a changé, rappelle Olga Kefalogianni. 2023 est la première année où notre activité n’est plus soumise à des restrictions sanitaires. Notre stratégie est totalement axée sur le tourisme durable et responsable, cela s’inscrit d’ailleurs dans les orientations politiques de notre Premier ministre. De façon très transversale, tous les ministères doivent intégrer ces problématiques à leurs actions. Le tourisme du futur doit respecter l’environnement, l’harmonie et l’équilibre. Notre objectif est notamment de prolonger la saison, de faire découvrir des destinations moins connues, dans une logique de développement durable. » Un parti pris déjà initié par ses prédécesseurs.
Une taxe pour 2025 ?
Pour autant, certains projets n’ont pas manqué de susciter des divisions ces derniers mois en Grèce. Qu’il s’agisse de l’extension du port de Katapola, à Amorgos, ou du boom immobilier à Paros.
Comment entend-t-elle positionner le curseur, entre durabilité et impératifs économiques ? « Le tourisme représente presque 20% du PIB du pays, rappelle la ministre. Il fait vivre un million de personnes dans notre pays. Il est très important de penser le tourisme comme un secteur qui peut soutenir l’économie grecque pour les années à venir. Nous devons avoir une stratégie à long terme. »
A l’instar de certains pays qui mettent en place des systèmes de taxes ou de quotas, la Grèce y réfléchit aussi activement à prendre des mesures plus drastiques pour réguler son activité touristique. « Nous étudions la possibilité d’instaurer un quota sur les croisières. Sur certaines destinations, ce n’est plus tenable en termes de durabilité. » La ministre indique être en discussion avec les opérateurs concernés. « Les programmes de croisières étant définis deux ans à l’avance, cette taxe ne s’appliquera vraisemblablement pas avant 2024, plus sûrement en 2025. » La mesure pourrait éventuellement s’accompagner d’une redevance portuaire. Différentes options sont donc sur la table. « Cette taxe servira à financer les investissements des destinations pour qu’elles puissent améliorer les infrastructures pour accueillir les visiteurs », précise Olga Kefalogianni.
Dans le but de diversifier les profils de voyageurs et d’étaler les flux, la Grèce va aussi soutenir le développement de marchés de niche : randonnée, gastronomie, plongée, œnotourisme et écotourisme.
De l’impact des canicules et incendies
Sur les perspectives pour l’été, la ministre reste prudente. « Nous ferons le bilan à la fin de l’année, je n’aime pas donner des chiffres provisoires », indique la ministre. Selon le dernier Baromètre Orchestra (juin 2023), qui reflète les ventes françaises des agences online et offline, la destination s’affiche en retrait de 22% en volume d’affaires, en hausse de 4% sur les recettes.
Sans doute la canicule qui touche actuellement l’Europe du Sud risque-t-elle de peser sur la fréquentation touristique de la saison estivale, ainsi que les violents incendies auxquels est actuellement confronté le pays. Une nouvelle donne climatique qui pèse déjà sur les arbitrages des voyageurs et le déroulement de leurs voyages. « C’est un challenge pour tous les pays du monde, qui sont confrontés au dérèglement climatique. Nous devons vraiment réaliser que tous les pays doivent changer leurs politiques touristiques pour prendre en compte cette nouvelle réalité, insiste la ministre. Nous devons l’intégrer sur le long terme (…). Sur le court terme, notre devoir est d’informer les visiteurs quand il y a une canicule. Nous avons été obligés de fermer l’Acropole pour quelques heures, parce que le plus important pour nous, c’est que nos touristes soient en sécurité. »
La France est le deuxième marché émetteur pour la Grèce. En 2019, la destination avait accueilli 33 millions de visiteurs étrangers. « Mon but n’est pas d’atteindre des performances record, souligne la ministre. Mon objectif, c’est de développer un tourisme durable dans le futur. Plus qualitatif que quantitatif. Pour cela, nous allons effectuer des investissements. Nous bénéficions notamment du fonds européen Résilience. Le secteur privé doit investir également. » Avec l’ambition de faire monter en gamme l’offre, tout en opérant une transition écologique. Notre but est aussi de développer notre autonomie énergétique. Notre objectif est que les hôtels aient achevé leur rénovation d’ici 2035″, souligne la ministre.
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