Difficile de ne pas se sentir impuissants cet été en voyant les températures atteindre des records et les incendies ravager les forêts aux quatre coins du monde. Plus personne ne peut nier la gravité de la hausse des températures, même les plus récalcitrants… Alors, une question se pose : que pouvons-nous faire concrètement pour limiter le réchauffement climatique à notre échelle et dans notre vie quotidienne ?
C’est ce sur quoi s’est penchée une étude britannique sortie en mars dernier. Les scientifiques ont cherché à définir où et comment les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites pour que le réchauffement de la planète soit maintenu à 1,5°C par rapport au niveau préindustriel, comme prévu par l’Accord de Paris sur le climat. L’étude a révélé que les actions individuelles des citoyens (des pays riches plus particulièrement) peuvent bel et bien avoir un impact sur la limitation des hausses de températures et pourraient contribuer à un quart de la réduction des émissions globales de CO2 nécessaire à cette limitation. La campagne « Take the jump » a été lancée dans la foulée, s’inspirant de l’étude pour encourager la transition vers 6 engagements à prendre individuellement pour freiner le dérèglement climatique.
« L’avenir de la consommation urbaine dans un monde à 1,5°C »
C’est le titre de cette étude scientifique indépendante réalisée conjointement par l’Université de Leeds, le bureau d’études et de conseil en ingénierie britannique Arup, et le C40 Cities Climate Leadership Group. À l’aide de données sur les flux commerciaux mondiaux, l’étude a pu déterminer l’impact de tous les biens produits, transportés et consommés dans le monde sur les émissions de gaz à effet de serre et effectuer des projections sur la croissance future de la consommation et des changements de politiques.
Les scientifiques ont pu comparer ces résultats par secteurs avec les réductions nécessaires pour rester dans les limites du bilan carbone à ne pas dépasser pour respecter l’objectif 1,5°C. L’analyse détermine ensuite, pour différentes régions du monde, les domaines et secteurs clés dans lesquels les dirigeants, les entreprises et les citoyens doivent en priorité prendre des mesures pour réaliser ces réductions d’émissions.
Plusieurs constats transversaux sont ressortis de cette analyse : les plus gros efforts doivent venir des régions les plus riches, devant réduire de deux tiers l’impact de leur consommation, notamment en repensant les modes de vie, de fonctionnement de l’économie ainsi que des modèles de travail actuels. Ces efforts doivent principalement venir des gouvernements et entreprises, pour veiller à réduire l’impact carbone des réseaux électriques et des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Mais un autre constat important de l’étude démontre que les individus et communautés ne sont pas impuissants face au réchauffement climatique et peuvent avoir un impact en modifiant leurs habitudes de consommation dans tous les secteurs clés, à l’exception du secteur du bâtiment dont les actions relèvent principalement des décisions des entreprises et des gouvernements.
Les résultats de la recherche ont permis de définir 6 changements d’habitudes de consommation dans ces secteurs du quotidien. Si certaines actions peuvent paraître évidentes aux personnes déjà soucieuses de leur impact environnemental, l’étude donne toutefois des mesures concrètes et abordables à suivre afin de mieux mesurer ses efforts. Les voici.
Une alimentation essentiellement végétale
Sans surprise et c’est pourtant le point qui aura le plus d’impact selon l’étude. Le rapport suggère d’adopter un régime principalement végétarien, voire végétal, en remplaçant viande et produits laitiers par des alternatives végétales qui produisent moins de CO2. Les éviter au maximum reste idéal mais les chercheurs suggèrent une consommation maximale de 16 kilos de viande par an, soit maximum 300 grammes par semaine, et de 90 kilos de produits laitiers par an équivalent à 1,7 kilo par semaine.
Une alimentation plus responsable sous-entend aussi une meilleure gestion des quantités pour éviter le gaspillage, et ne pas manger excessivement : ce dont le corps a besoin pour fonctionner est suffisant, en plus d’être sain.
Se limiter à l’achat de 3 nouveaux vêtements par an
Le mode de consommation des habits doit lui aussi être modéré. A l’heure de la fast fashion, il n’est pas surprenant d’apprendre que l’industrie de la mode est l’une des plus polluantes. L’étude anglaise démontre donc que chacun devrait se limiter à acheter maximum 3 vêtements neufs par an : préférer la qualité à la quantité, et ce, quand cela est vraiment nécessaire et si les vieux vêtements ne sont pas réparables.
Au lieu d’acheter des vêtements neufs dans les grands magasins, il suffit de se tourner plutôt vers la seconde main ou les vêtements upcyclés. De plus en plus d’initiatives fleurissent en ce sens, le choix reste donc large.
Garder ses produits électroniques minimum 7 ans
Plus question de faire la file devant le magasin d’électroménager dès qu’un nouveau modèle sort, les produits électroniques doivent être gardés tant qu’ils fonctionnent, et dans l’idéal minimum 5-7 ans pour limiter l’impact environnemental.
Une fois encore, il est recommandé de privilégier la réparation plutôt que l’achat d’un produit neuf pour le remplacer et privilégier les marques responsables moins sujettes à l’obsolescence programmée.
Limiter les trajets en avion
À nouveau, rien d’étonnant à retrouver cette action dans la liste. Mais arrêter totalement l’avion peut paraître si impensable pour certains qu’ils en abandonnent l’effort.
Les scientifiques préconisent d’éviter l’avion complètement si possible, mais conseillent surtout de se limiter à un vol long-courrier (à savoir de plus de 6 heures) tous les 5 ans, et un trajet plus court tous les 3 ans ; bien plus faisable vu de cette perspective.
Se débarrasser de sa voiture perso
Les chercheurs sont formels : plus de voiture individuelle, à moins qu’elle ne soit indispensable. Alors que le seuil des 8 milliards d’habitants sur terre a récemment été atteint, le nombre de voitures continue lui aussi de croître et devient de plus en plus ingérable, tant au niveau de la circulation que de la pollution de l’air et des risques pour la santé qui y sont associés. La mobilité douce comme les transports en communs, le train et le vélo peuvent être des solutions, tout comme, le covoiturage, l’auto-stop ou les réseaux de voitures partagées.
On sait, c’est loin d’être évident pour tout le monde. Nous avons construit nos modes de vie sur l’accès à la mobilité individuelle. Nos routes, nos magasins, nos entreprises parfois si loin de notre habitation, tout est à l’image du monde d’avant. Renoncer à la voiture ne peut se faire sans un cadre plus large de changement généralisé
Un petit changement de vie plus radical pour changer le système
La dernière recommandation de l’étude est plus flexible que les autres mais n’en est pas moins importante : il s’agit de réaliser au minimum une transition plus conséquente dans son mode de vie qui contribuerait à changer le système tout entier.
Cela peut se traduire par la transition vers un fournisseur d’énergie plus vert ou passer d’une banque traditionnelle vers une banque éthique et durable qui ne finance pas les énergies fossiles, ou encore améliorer l’efficacité énergétique chez soi.
Ce changement peut aussi se manifester dans l’activisme. La campagne directement inspirée de l’étude suggère d’encourager le changement par le biais du militantisme.
En effet, il est indispensable de questionner les structures du capitalisme moderne dans l’objectif de les réformer, ou d’en abolir à terme certaines composantes qui alimentent la destruction du monde. Aucune transition n’est possible sans l’engagement politique des citoyens.
« Take The Jump »
La campagne « Take the Jump » vise à inciter les gens à s’engager dans ces 6 transitions et met à disposition une série d’outils et une communauté d’entraide pour y parvenir. L’objectif de ses créateurs est de lancer ce « nouveau mouvement pour le climat ludique qui peut aider à ouvrir la voie vers moins d’objets et plus de joie » grâce aux résultats de l’étude, et de convaincre des publics divers, n’étant initialement pas spécialement engagés dans l’écologie ou le militantisme.
The Jump va même plus loin que l’étude en encourageant les volontaires à n’acheter aucun vêtement nouveau ou encore à adopter un régime totalement végétarien pendant 3 mois, 6 mois ou même un an pour, petit à petit, adopter ces gestes de façon régulière.
Si les efforts doivent évidemment principalement venir du secteur privé et des gouvernements, l’adoption d’actions individuelles peut aussi contribuer à limiter le réchauffement de la planète, plus perceptible que jamais… Et comme le rappelle l’étude : l’inaction n’est pas une option. Rien de radical, rien de sorcier dans ces habitudes à prendre, juste du bon sens pour faire sa part !
Delphine de H.
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