Réponse d’un cycliste des villes à notre ami Pierre Cassen

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Bonjour les Amis !

Et bonjour à vous, Pierre. Je reprends votre énergique salutation rituelle, qui à chacune de vos vidéos est la promesse d’un réjouissant moment de bon sens et d’humour, et de bien pertinentes indignations. D’ailleurs à ma… comment on dit lorsqu’on a le cheveu qui grisoit ? ma régulière ? (ça fait un peu Michel Simon), ma gonzesse ? (ça fait un peu Renaud), bref, elle qui parfois me reproche de tout le temps râler, je réplique que le râleur est celui qui a su garder intacte sa faculté d’indignation ! Depuis que je suis un fidèle de Riposte Laïque, je me retrouve à disons 99 % en accord avec vos propos et vos idées. Comme vous, je viens de la gauche dont, fils d’ouvrier communiste,  j’ai cru dans mon enfance et ma jeunesse qu’elle avait ce qu’Albert Jacquard appelait « le souci des pauvres », pour m’apercevoir assez rapidement qu’elle n’avait pour seule vocation que leur trahison la plus totale, cette trahison démontrée de jour en jour dans les colonnes de Riposte Laïque.

Comme vous j’ai été syndicaliste et puis j’ai connu ces propos sur les « lignes rouges qu’on ne laissera pas dépasser », formule utilisée par exemple par un Jean-Claude Mailly à l’occasion des manifs contre la loi Travail fomentée par qui vous savez, pour ensuite voir le type ne pas donner de consignes de vote mais appeler à faire barrage à la « bête immonde »… On connaît la chanson ! Le pompon ayant été atteint par le silence assourdissant des organisations syndicales lorsque des soignants, des pompiers, des membres du personnel administratif des hôpitaux, des employés de pharmacies ont vu leurs contrats suspendus, avec leurs yeux pour pleurer. Il est vrai que ces gens de gauche, dont la Méluche prête à courir après les non-vaccinés, font une confiance aveugle dans la très ultra-capitaliste société Pfizer, condamnée à des milliards de dollars d’amendes, et à ses poisons expérimentaux. Bref, tout ça pour dire qu’on est sur la même longueur d’ondes.

Mais je digresse, je digresse… Fallait m’arrêter !

Bon, le sujet c’est le vélo dans les villes. Je ne sais pas trop comment ça se passe dans les grandes villes, et je ne doute pas que vous ayez raison. Et il est bien vrai que les automobilistes, on l’a souvent affirmé mais c’est de plus en plus vrai, ne sont que les vaches à lait de ce régime à la fois woke, écolo, socialo, ultralibéral et puant.

Je ne sais donc pas comment ça se passe dans les grandes villes et je ne veux pas le savoir, ne supportant pas les bobos que l’on y trouve en plus grande quantité que par chez nous. Revers de la médaille, celle où je vis est une ancienne cité ouvrière sinistrée, avec le taux de chômage et de pauvreté le plus important de la grande région. Et cerise sur le gâteau, tout en étant dirigée par une équipe dite « de droite » (mais bon LR, ça compte pas…) elle est devenue une véritable vitrine du Grand Remplacement. Dans le quartier où je vis depuis plus de quinze ans, en attendant de devenir, et heureusement, bientôt un campagnard puisqu’il n’y a pas moyen de trouver une location en ville sans être environné de tribus qui « n’ont pas les codes » ni le respect de la tranquillité de leur prochain, nous sommes véritablement devenus, les quelques voisins qui ne sont pas encore partis et moi-même, une minorité ethnique.

De plus en plus de migrants sans emploi et ne parlant pas trois mots de français roulent en voiture dans cette ville – et c’est le métier que j’exerce qui me permet d’affirmer qu’ils n’ont pas d’emploi. J’ai aussi vu des personnes au RSA avec des télés écran géant et des voitures que je ne pourrais pas me payer. Mystère et boule de gomme, et sans vouloir faire un amalgame, car je sais aussi que la majorité des RSAstes galèrent et que j’aimerais voir ceux qui les accusent de tous les maux échanger leur place pour voir ce que ça fait.

Bref, avec un salaire  ne me permettant pas d’avoir une bagnole comme les dynamiques entrepreneurs des quartiers prioritaires et d’assumer en même temps les autres charges mensuelles, j’ai choisi de faire sans et de me débrouiller autrement lorsque je dois partir par exemple en formation dans une de ces grandes villes dont j’ai hâte de revenir à chaque fois, tant elles sont étouffantes même si la mienne commence aussi à bien faire. Dieu merci c’est une ville à la campagne, on n’est jamais très loin des chemins tranquilles et du bocage.

Et de ce fait, le vélo est mon moyen de transport, pour le travail ou pour aller faire des courses. Pour les balades un peu plus lointaines, j’ai la chance d’avoir une dulcinée qui conduit et qui aime conduire. C’est ce qu’on appelle la complémentarité ! Elle vit à une cinquantaine de kilomètres de chez moi, dans une petite commune tranquille, donc la voiture est pour elle une nécessité, et lorsqu’elle vient à l’appart’, elle gare son automobile dans les petites rues environnantes, un incendie de bagnole spontané est si vite arrivé ! Nous avons encore la chance d’avoir des emplacements de stationnement disponibles et gratuits. Et je n’hésite réciproquement pas à aller la voir, bravant le cagnard et les faux plats, croisant parfois des petits groupes de cyclistes quinqua ou sexagénaires en forme, bref, des comme votre serviteur, parfois avec casque, parfois sans, mais toujours cordiaux lorsque nous nous croisons. Dame, entre anciens !

Inutile de dire que leur foutu casque je ne le porte pas, tout simplement parce que je ne le supporte pas, il m’empêcherait de profiter du paysage. Pas plus que je ne porte leurs fichues tenues de cycliste bardées de marques : je ne vais pas leur faire de la pub en achetant bien cher des équipements sans avoir rien en retour, pas même un bon d’achat de dix euros ou de la considération .

Mon plaisir c’est de me faire régulièrement une centaine de kilomètres voire cent-trente les jours de grande bravoure le samedi ou pendant les vacances, de m’arrêter dans un petit troquet au bout de mon parcours et de savourer une bonne bière bien méritée après l’effort et la sueur en mangeant un sandwich… ou un éclair au chocolat, en discutant à l’occasion au comptoir avec la patronne ou un habitué des lieux, et en allant fumer une petite clope dehors avant le retour (à noter que la commune où je vis étant dans une petite vallée, on grimpe à l’aller mais le retour est peinard). Histoire de sortir un peu de cette ville quasi fantôme économiquement, presque une sorte de Detroit en plus petit, j’ai largement profité du magnifique printemps 2020 pour me jouer des limitations de sorties, au diable le confinement et ses stupidités. Après cette période d’aberrations record, je n’ai croisé qu’une fois un abruti d’une trentaine d’années, muselé FFP2 et casqué, avec tout le kit, essayant d’établir son record de vitesse et ne profitant donc pas du paysage, du chant des oiseaux et de l’épanouissement des fleurs. Celui-ci ne m’a pas salué, il aurait perdu de précieuses secondes sur sa moyenne, j’imagine. Mais j’en ai autant à son service. Et j’ai même eu l’occasion en revanche de saluer des flics qui faisaient une pause au bord de la départementale, sans qu’ils ne m’importunent aucunement. Certes, nous n’aurions sans doute pas eu cette insouciance à Paris ou Bordeaux.

Retour en ville. C’est vrai, les cyclistes se comportent bien souvent comme des malpropres, voire des goujats et des paltoquets. Et vas-y que je te fonce sur le trottoir où des petits vieux avec leurs chiens sont obligés de s’écarter. Bon, on sait bien que le petit vieux, ça se sent en danger même si vous roulez à deux mètres d’eux, mais tout de même. On notera au passage ce manque de respect en particulier de la part des livreurs Uber. Y’a pas de boulot dans la ville, mais même ici on a Uber. Ils sont exploités ? Ouais, mais des fois on se dit qu’ils ne méritent pas mieux. Une boîte de racailles  pour des salariés racailles.

Mais il y a aussi à l’opposé l’automobiliste indélicat qui s’est tenu à carreau le temps d’avoir son permis, et après c’est la fête du slip : combien de fois en ai-je vus qui me doublaient pour tourner à droite directement, me laissant à peine le temps de freiner pour éviter la collision. Ou ceux qui vous refusent la priorité, oubliant que ce n’est pas le véhicule qui est prioritaire, hors bien sûr les exceptions, mais bien la voie. Ou encore ceux qui, stationnés dans la rue à sens unique que j’emprunte pour aller au travail le matin, ouvrent la portière sans regarder. J’ai ainsi fait un magnifique vol plané l’an passé, heureusement en hiver, j’avais d’épais gants en peau pour amortir la chute. Je suis pourtant vigilant, mais là, je n’y ai pas échappé. Plus de peur que de mal, et le vélo s’en est sorti avec une poignée de frein légèrement tordue, et le conducteur du véhicule stationné avec une bonne engueulade de ma part. En revanche, lorsque je m’aperçois qu’une voiture roule derrière moi dans cette rue, je suis le premier à me garer sur le côté le temps de la laisser passer.

Alors oui, en dehors de cette politique stupide qui maltraite l’automobiliste comme vous l’avez si bien démontré, Pierre, il y a aussi beaucoup d’égoïsme de part et d’autre. Un égoïsme qui aboutit à des comportement sans égards pour autrui, sans bienveillance pour son prochain.

L’égoïsme, c’est l’ado qui ne tiendra pas la porte pour la retraitée qui arrive les bras pleins de courses, c’est le type qui fait profiter toute la salle d’attente de sa conversation sur son Iphone, c’est le cycliste qui slalome et qui viendra se plaindre si une voiture le percute.

Question de manque d’éducation, d’absence de valeurs, de bêtise crasse, plus que de pratique d’un véhicule plutôt que d’un autre.

Petite nuance :  je dis bien d’égoïsme, pas d’individualisme, cet individualisme que l’on fustige si souvent, mais qui n’est au fond, je le crois, qu’une réaction à une société qui nie de plus en plus l’individu, justement. Elle a d’ailleurs de moins en moins à envier à une dictature communiste et ce n’est pas pour rien si l’ultralibéralisme de Davos et les recettes liberticides du régime chinois convergent vers une société de contrôle ressemblant aux pires cauchemars dystopiques de la science-fiction.

Ah, et pour finir, Pierre : merci pour le passage sur les vélos électriques. Ou les trottinettes électriques, très à la mode chez les nouveaux venus des quartiers prioritaires, tout comme le sont les smartphones derniers cris. Comme vous le dites, passons en ce qui concerne la personne âgée qui n’a plus le dynamisme de ses vingt, trente ou quarante ans. Mais ces jeunes en pleine forme qui pour ne se déplacer qu’en ville ne feraient même pas l’effort de rouler sur un bon vieux VTT pas plus cher que leurs saloperies bourrées de métaux rares, je n’ai qu’une expression :  » Quels cons « . Mais il est vrai que la connerie est encouragée, adulée, elle a pignon sur rue. Le Rap, Hanouna et la téléréalité en sont de flamboyantes démonstrations.

Il y a bien longtemps, Yvan Audouard constatait que l’on mettait une énergie folle, des moyens insensés et un maximum d’intelligence au service de la connerie.  » Sans espérer que la connerie disparaisse un jour complètement de l’être humain, j’ai longtemps imaginé que le rôle de l’intelligence était de mobiliser ses ressources pour empêcher sa rivale de prendre le pouvoir ; cette certitude n’a cessé de se fissurer au contact des réalités contemporaines, et j’ai aujourd’hui la pénible impression que l’intelligence se met chaque jour davantage au service de la connerie. L’exploitation de la connerie a depuis longtemps fourni la preuve de sa rentabilité. Il en aurait été surprenant que l’intelligence ne finisse pas par cesser de la combattre pour se contenter d’en tirer profit. C’est la question que je pose … »

S’il revenait maintenant, il tomberait de haut !

Bien à vous Pierre, de la part d’un cycliste citadin par nécessité, campagnard et amoureux de la nature (et surtout pas écolo !)  par plaisir !

Jean-Paul Bourdin

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