En découvrant les Samsung Galaxy Z Fold 4 et Galaxy Z Flip 4, vous avez sans doute remarqué qu’il y avait peu de changements par rapport à la précédente génération. Cela a sans doute déçu quelques personnes, mais il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer cela.
Cela ne vous a sans doute pas échappé : Samsung a tout récemment présenté le Galaxy Z Fold 4 et le Galaxy Z Flip 4. Deux nouveaux smartphones pliables qui viennent perfectionner une formule déjà bien éprouvée par la marque sud-coréenne dans ce segment du marché. C’est d’ailleurs l’idée générale qui se dégage de nos premiers retours sur ces appareils. N’hésitez d’ailleurs pas à aller les lire :
Or, en prenant la température au sein de la rédaction de Frandroid, des confrères et consœurs d’autres médias tech ou de notre communauté sur les réseaux sociaux, un constat semble s’imposer : ces nouveaux smartphones de Samsung ne provoquent pas un engouement incroyable.
Peu d’évolutions d’une génération à l’autre
Il n’y a pourtant aucun doute sur le fait qu’il s’agit de la quintessence du savoir-faire de l’ogre coréen qui hisse clairement ces produits au rang de vitrine technologique. Les Galaxy Z Fold 4 et Z Flip 4 jouissent de finitions plus méticuleusement soignées que jamais, d’une puce puissante (Snapdragon 8+ Gen 1), de nouveautés logicielles prometteuses, d’un bloc photo amélioré sur le Fold, d’une autonomie renforcée sur le Flip…
Oui, mais voilà, les différences évoquées ici restent (trop ?) discrètes finalement par rapport à la génération précédente qui était déjà très aboutie. Il suffit de faire un petit duel Galaxy Z Fold 4 vs Galaxy Z Fold 3 pour s’en rendre compte. Même son de cloche sur un comparatif entre le Galaxy Z Flip 4 et le Galaxy Z Flip 3. Dès lors, une question peut-être posée : y avait-il un réel intérêt à sortir les Galaxy Z Fold 4 et Galaxy Z Flip 4 ? Pour y répondre, il faut comprendre la position de Samsung. Le constructeur est forcément motivé par des raisons stratégiques et soumis à des contraintes industrielles.
Samsung (trop) à l’aise sur les smartphones pliables
Il faut déjà rappeler une chose. Samsung fait figure de pionnier sur le marché des smartphones pliants. L’entreprise planche dessus depuis de longues années. Certaines personnes se rappellent sans doute de la vidéo promotionnelle de 2013 où la marque exposait déjà ses premières visions du téléphone pouvant se transformer en tablette.
Le clip a très mal vieilli et est assez gênant à regarder aujourd’hui — avez-vous vraiment déjà vu une femme être séduite par un homme juste parce que son téléphone est cool ? –, mais il prouve bien que Samsung s’investit dans ce domaine depuis longtemps. Ainsi, il a été le premier vrai acteur à entrer sur le marché des smartphones pliants. On s’entend que le très anecdotique Royole Flexpai, qui avait doublé le premier Fold essentiellement pour faire le buzz, ne compte pas. Le fabricant des Galaxy Z Fold et Z Flip occupe donc la position de premier entrant sur le marché des pliants. Cela comporte plusieurs avantages, au premier rang desquels on trouve une forte probabilité d’occuper une position hégémonique pendant un bon moment.
Les tentatives de Huawei n’inquiètent pas Samsung, les farouches Oppo, Xiaomi, Vivo ou Honor ne viennent pas encore l’embêter en dehors du très particulier marché chinois, Google prépare toujours son Pixel NotePad et Apple ne s’est pas réveillé pour le moment. En conséquence, en France, « les pliables représentent 15 % de nos ventes de smartphones haut de gamme. Nous comptons porter cette part à 25 % », explique François Hernandez, vice-président de Samsung Electronics France, dans Le Monde. Le responsable sait qu’il a les coudées franches pour mener tranquillement sa barque. « Même à ces niveaux de prix, nous savons vendre des volumes importants, comme avec le Galaxy S22 qui est dans la même typologie de prix. »
Vous l’aurez compris, Samsung est confiant et pas vraiment inquiété pour le moment. Il peut donc se payer le luxe de se reposer un peu sur ses lauriers et ne pas se forcer à apporter d’énormes améliorations d’une génération à l’autre tout en maintenant des tarifs élevés qu’il sait pouvoir justifier en cultivant habilement une image de raffinement et de prouesse technique.
Éviter les innovations trop risquées
Nous avons parlé des avantages du premier entrant dans un marché, mais cette position comporte aussi plusieurs risques. C’est souvent au pionnier que revient la pénible tâche de payer les pots cassés. D’ailleurs, Samsung n’y a pas échappé. Une incompréhension au niveau de l’écran pliable auprès des premiers testeurs avait forcé le constructeur à retarder la sortie du premier Galaxy Fold. La marque avait dû préparer une solide campagne de communication pour rassurer tout le monde.
Il faut dire que Samsung bénéficie d’une expérience unique en termes de communication de crise et la direction de la multinationale est sans doute toujours traumatisée par les explosions du Galaxy Note 7. La firme ne connaît donc que trop bien le goût amer d’un lancement manqué et toutes les difficultés qui en découlent.
En tant que premier entrant sur le marché, Samsung doit bien appréhender les risques qui se présentent à lui. Et si on peut pardonner à la première génération de smartphones pliables d’avoir essuyé les plâtres, l’indulgence des utilisateurs et des utilisatrices s’amenuise forcément à mesure que la technologie se bonifie. Pas question d’être trop téméraire !
On imagine que les responsables de la marque veulent s’assurer qu’une technologie est parfaitement maîtrisée avant de l’intégrer dans leurs modèles pliants. C’est ainsi que le stylet S Pen n’a toujours pas droit à un emplacement de rangement dédié sur le Galaxy Z Fold 4. Par ailleurs, sur ce dernier et sur le Galaxy Z Flip 4, la pliure est toujours assez marquée au milieu de l’écran interne. Le Sud-Coréen aurait pourtant pu s’essayer à une pliure en forme de goutte d’eau comme on en voit sur l’Oppo Find N, le Vivo X Fold ou plus récemment le Xiaomi Mix Fold 2.
Cette technique permet pourtant de mieux tendre la dalle quand elle est dépliée et d’effacer le creux sous les doigts qui perturbent certaines personnes. Problème : avec cette méthode, l’écran est courbé à plus d’endroits quand le téléphone est fermé. Dès lors, ne s’agit-il pas d’une prise de risque trop grande ?
Un porte-parole de Samsung France nous avait laissé entendre que Samsung avait les moyens techniques d’adopter cette pliure en goutte d’eau, mais que cela était difficilement envisageable, car l’entreprise produisait des smartphones pliables à plus grande échelle que tous les concurrents chinois. On parle d’une dizaine de millions de livraisons en 2021.
Le moindre problème menacerait donc une flotte de grande envergure. Tant qu’il le peut, Samsung voit donc sans doute plus d’avantage à prendre tout son temps et laisser d’autres marques rencontrer certaines difficultés. On imagine que plusieurs des concurrents se fournissent d’ailleurs chez Samsung Display. Ce dernier peut donc observer les performances de ses dalles chez les adversaires pour trouver les meilleures optimisations à faire.
Ce n’est pas sans rappeler le premier capteur de 108 mégapixels produit par Samsung. Ce composant avait d’abord été utilisé dans un smartphone Xiaomi, plusieurs mois avant le Galaxy S20 Ultra. Comme quoi, la concurrence peut parfois faire office de pôle R&D.
Un marché au rythme infernal
Une situation de quasi monopole et une politique prudente ont donc sans doute incité Samsung à ne pas proposer trop d’évolutions sur ses pliants entre 2021 et 2022. Mais du coup, pourquoi s’embêter à lancer les Galaxy Z Fold 4 et Galaxy Z Flip 4 malgré tout ? Le constructeur ne pouvait-il pas simplement attendre une année supplémentaire ?
Plus facile à dire qu’à faire. Alors même que le marché des smartphones est arrivé à maturité sur bien des aspects, les constructeurs se sont habitués à sortir au moins un rafraîchissement de gamme par an. La raison est simple : chaque acteur veut occuper le marché et les esprits. S’autoriser une année blanche, c’est prendre le risque de faire retomber l’enthousiasme, être has been. Impensable pour la direction et les investisseurs d’une entreprise !
Malgré toutes les promesses d’adopter des comportements plus écoresponsables (matériaux biosourcés, valorisation du recyclage, suivi logiciel allongé…), les constructeurs de smartphones continuent d’inciter à la consommation chaque année, même quand les différences entre deux générations semblent dérisoires. Les futurs iPhone 14 (non Pro) devraient un bon exemple de nouvelle génération qui stagne.
Faut-il donc en vouloir à Samsung ? Oui, sans doute un peu, mais c’est surtout le fonctionnement du marché des smartphones qu’il faut remettre en cause.
N’espérez plus, vivez heureux
Les Samsung Galaxy Z Fold 4 et Galaxy Z Flip 4 méritent-ils d’être boudés ? Pas vraiment. Ce sont foncièrement d’excellents smartphones. Nous avons d’ailleurs commencé à les tester et nos premiers tests laboratoire tendent à montrer qu’il y a un joli gain en termes d’autonomie sur les deux appareils.
Ces deux smartphones rappellent cependant à quel point nourrir de grands espoirs chaque année autour d’un futur produit est souvent la meilleure manière d’être déçu. En évitant l’enthousiasme à outrance, on s’évite sans doute quelques déconvenues. Ce serait peut-être la meilleure manière de profiter à nouveau tranquillement de toutes les belles petites choses que peut encore offrir le marché des smartphones.
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