Asus est l’une de ces très rares marques de la tech à être là depuis longtemps, à continuer de proposer de belles innovations inattendues tout en sachant rester abordable.
Asus a marqué l’actualité avec le lancement du Zenfone 9, un smartphone qui nous a tapé dans l’œil pour son format compact cumulant bonne performance et excellente autonomie. Le nouveau produit s’inscrit parfaitement dans l’ADN d’Asus : ne jamais être là où l’on attend la marque. Avec son port jack et son format miniature, sans être hors de prix, ce smartphone haut de gamme s’affiche à rebours des tendances.
Entre les géants américains et les jeunes marques chinoises, peu de fabricants peuvent se targuer d’avoir la longévité d’Asus dans autant de domaines de l’informatique grand public. En y réfléchissant, la marque est peut-être l’une des raisons qui ont contribué à me faire rentrer dans le journalisme. C’est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur une marque dont on ne reconnaît peut-être pas assez les innovations.
Pour être totalement transparent, je tiens d’abord à rappeler que j’ai déjà participé à deux voyages de presse organisés par Asus, notamment pour couvrir le salon du Computex pour Frandroid. Je ne crois pas que cela ait un impact sur cet article, d’autant que plusieurs des éléments que je vais raconter précèdent mon entrée même dans le journalisme et donc ces deux voyages. Mais ça va tout de même mieux en le disant.
EEE PC 701 : l’innovation abordable d’Asus
Et pour commencer, le mieux est de revenir à mon tout premier PC portable acheté alors que j’étais au lycée. L’Asus EEE PC 701 marque le début d’une véritable révolution de l’informatique grand public. Découvert en 2007 par Pierre Lecourt qui lui consacrera le fameux site spécialisé Blogeee, ce PC est le premier de la famille des Netbook. Un blog qui me fera découvrir le monde des podcasts, avant de m’intéresser à l’actualité et à Frandroid et éventuellement devenir journaliste.
Il s’agit d’un PC portable extrêmement compact et vendu à petit prix. On parle d’un écran de 7 pouces, d’une puce Intel Celeron M et de seulement 4 Go de stockage sur un petit SSD. Prix de lancement : 299 euros pour la version tournant sous GNU/Linux Xandros.
Ce projet d’Asus a connu un tel succès que la marque va embarquer toute l’industrie tech dans son sillon. Microsoft sera forcé d’adapter Windows XP puis Windows 7 tant bien que mal à ces petites machines et Intel lancera la fameuse gamme Intel Atom dédiée à cette famille de produit.
Dans les années suivantes, on retrouve des netbooks clonant le succès de l’EEEPC chez Acer, HP, Samsung, MSI, Medion et tous les autres constructeurs du marché.
C’est aussi toute une communauté de la bidouille qui va naître autour de la machine, bien avant le Raspberry Pi. Des distributions Linux sur mesure, des guides pour remplacer certaines parties du PC et le rendre plus performant ou autonome. J’avais ainsi augmenté les capacités de la machine en soudant un hub USB à l’intérieur du châssis, et en remplaçant l’écran par un écran tactile. Il y avait même des projets d’installations de Mac OS X.
Apple, parlons-en. La firme s’est évidemment refusée à lancer un PC portable à moins de 500 euros, mais le MacBook Air suit une filiation assez logique avec la philosophie de l’EEE PC. Lancé un an après les netbooks, le MacBook Air fait la part belle au stockage SSD, à la légèreté et à l’autonomie comme ses cousins. La marque à la pomme ne fait toutefois pas de concessions sur les performances, les finitions et bien sûr le prix.
Asus Transformer : Microsoft n’a pas inventé la tablette 2-en-1
On prête souvent à Microsoft la démocratisation du concept de tablette 2-en-1 capable de se transformer en PC. On le fait au même titre que l’on prête à Apple la création du smartphone avec l’iPhone, alors que d’autres existaient auparavant. Et pour cause, dans les deux cas, les géants proposent une copie bien plus mature et réfléchie d’une idée qui marquera son temps.
Pourtant c’est à Asus que l’on peut prêter l’idée de la tablette moderne à laquelle on peut brancher un clavier pour la transformer en PC. L’Asus Transformer TF701 est une tablette sous Android 3.2 avec une puce Nvidia Tegra 2 et un écran de 10,1 pouces LCD 1280 x 800 pixels. Asus profite de son idée pour intégrer une batterie dans le clavier afin de donner plus d’autonomie au produit et équilibrer le poids.
Asus et les idées inattendues, un peu folles
C’est difficile de ne pas parler d’Asus sans évoquer les nombreuses idées, parfois loufoques, du fabricant. C’est l’une des caractéristiques que je prête volontiers à la marque : être toujours prête à essayer des trucs, même si cela ne rentre pas dans les tendances du moment.
Me viennent d’abord à l’esprit l’Asus Fonepad, et son compère, l’Asus Padfone. Passons rapidement sur la première : c’est une tablette de 7 pouces qui avait la particularité d’intégrer une fonction téléphone. Autrement dit, c’était un smartphone assez imposant pour l’époque.
L’Asus Padfone fait le chemin inverse et va pousser les choses très loin.
L’Asus Padfone est donc un smartphone que l’on peut loger dans un large écran tactile qui va transformer l’appareil en tablette. Une tablette que vous pouvez ensuite glisser sur un clavier pour transformer le tout en PC. C’est donc un produit 3-en-1.
Problème du concept : le prix proposé par Asus correspond plus ou moins à la somme de ses parties. Pourquoi acheter un appareil 3-en-1 pour le prix d’un smartphone et d’une tablette transformable ? Le grand public ne trouvera jamais la réponse à cette question.
Asus Transformer Duet : quand Google censure un produit
En 2014, le marché ne s’est pas encore totalement décidé sur le secteur de la tablette. Android est en position de force face à l’iPad en volume, mais la concurrence de Windows 8 pointe le bout de son nez.
Pour satisfaire les deux clientèles à la fois, Asus met au point le Transformer Duet, une tablette convertible capable de démarrer sous Android ou Windows, au choix. Samsung fait de même avec son ATIV Q.
Aucun des deux produits ne verra jamais la couleur d’un rayon tech. Pour des raisons inconnues, les deux fabricants décident d’annuler leurs produits. Les bruits de couloirs insistants prétendent que Google aurait « émis une résistance ».
Beaucoup d’idées, peu d’élus
On pourrait écrire des pages et des pages sur toutes les idées mises sur le marché par Asus au fil des ans. Plus récemment, la firme s’est fait remarquer pour ses ordinateurs portables intégrant deux écrans. Une sorte d’extension de l’idée de la touchbar des MacBook Pro en allant beaucoup plus loin.
Au départ proposé sur une seule machine, Asus a décliné l’idée sur de nombreuses références jusque dans ses produits à destination des joueurs. Difficile de dire si cette idée marquera le marché, elle ne semble pas réellement avoir été reprise par les concurrents ni se démocratiser sur des tranches de prix plus accessibles.
J’ai d’ailleurs plusieurs fois loué la capacité d’Asus à proposer des produits très bon marché, mais le fabricant est aussi spécialiste pour faire exploser la facture, notamment avec sa marque ROG. Sur le marché des composants de PC, les produits Strix sont souvent vendus assez cher, de façon plus ou moins justifiée.
En revanche, ce qui semble en grande voie de démocratisation, c’est l’arrivée de l’Oled sur PC portable. Et cela, on peut l’attribuer aussi bien à Samsung, qui fabrique les dalles, qu’à Asus qui a eu le nez creux avec ses commandes. La firme a rapidement proposé un large catalogue de PC portable à écran Oled et a surtout rendu les prix très abordables. On trouve aujourd’hui des machines Oled sous Windows bien en dessous de la barre des 1000 euros.
Asus Zenfone 9 : un compact dans un monde de géants
On en arrive au lancement du Zenfone 9 à la fois l’un des seuls smartphones haut de gamme depuis plusieurs années à proposer une prise jack 3,5 mm et peut-être le dernier compact haut de gamme sous Android. Même Apple semble sur le point d’abandonner le format mini avec les iPhone 14. Asus, lui, persiste et ne fait pas gonfler les prix.
Un smartphone haut de gamme à 800 euros avec la meilleure puce Qualcomm du moment – Snapdragon 8+ Gen 1 –, de bonnes finitions et une excellente autonomie, c’est raisonnable pour une grande marque. Google peut se permettre d’être plus agressif sur le prix, la firme sait qu’elle gagnera de l’argent sur les publicités et le Play Store. Ce n’est pas le cas d’Asus qui résiste pourtant à la tentation du smartphone à 1000 euros.
Là où les constructeurs proposent une famille de smartphones comprenant des dizaines de références, notamment chez Xiaomi, ce n’est pas le cas d’Asus. La marque semble garder la tête sur les épaules et propose en tout et pour tout deux produits : le Zenfone pour le grand public, et le ROG Phone pour les aficionados de performances extrêmes. Même Apple, pourtant connu pour une gamme restreinte, propose aujourd’hui plus de choix avec ses iPhone.
C’est peut-être cela qui fait qu’Asus, constructeur historique du PC, reste encore sur le marché du smartphone. La marque aura survécu à bien des chamboulements. Ses camarades HP, Acer ou Razer ont disparu du secteur entre-temps. Même le compatriote HTC, pourtant spécialiste du smartphone, n’est plus que l’ombre de lui-même.
J’espère qu’Asus ne changera pas
Pour ses idées loufoques autant que pour sa capacité à rendre accessible des technologies, j’espère qu’Asus ne changera pas à l’avenir. J’aime découvrir de nouveaux produits de cette marque, quitte à parfois être un peu dur avec certaines idées. On sait que l’on découvrira toujours quelque chose d’intéressant, qui tranchera avec nos habitudes.
Dans un milieu de la tech souvent cynique et occasionnellement ennuyeux, à mesure que la technologie devient mature et une simple commodité, c’est le genre de marque dont on apprécie la présence et l’audace. Et pourtant, une marque qui sait garder une certaine humilité dans sa communication.
Je ne suis pas une personne du genre à chanter les louanges d’une marque. Quand elle a eu un tel impact, peut-être sur mon choix de carrière, et que l’on peut légitimement parler de ses différences avec le reste des fabricants, je pense pouvoir me permettre cet écart.
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