Demonic
Canada : 2021
Titre original : –
Réalisation : Neill Blomkamp
Scénario : Neill Blomkamp
Acteurs : Carly Pope, Chris William Martin, Michael J Rogers
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Genre : Horreur, Science-Fiction, Fantasy
Durée : 1h34
Date de sortie DVD/BR : 20 septembre 2021
Grâce à un procédé révolutionnaire, une jeune femme pénètre dans l’esprit de sa mère, condamnée pour meurtres et désormais plongée dans le coma. Mais l’exploration de son inconscient tourne à l’affrontement, libérant un démon tapis dans l’ombre…
Le film
[3,5/5]
Hollywood préfère définitivement les « yes-men » aux visionnaires et aux créateurs de formes. Révélé il y a quelques années avec le chef d’œuvre District 9, un film réalisé à l’économie mais faisant preuve d’une énergie extraordinaire, Neill Blomkamp n’était pas réellement parvenu à adapter sa riche personnalité au « moule » un peu trop rigide du cinéma Hollywoodien. Son dernier film en date, Chappie, remontait déjà à 2015 – autant dire une éternité dans l’industrie du cinéma. La préhistoire, les hommes de Cro-Magnon se baladaient avec leurs peaux de bêtes, leur iPhone 6 et n’avaient même pas la 4G.
Il n’a pas pour autant fallu autant de générations d’iPhone à Neill Blomkamp pour développer Demonic. Entretemps, il s’était cassé les dents sur la préparation d’un hypothétique Alien 5, projet fou lui ayant finalement été retiré par Ridley Scott. Il avait également été rattaché à l’adaptation des jeux vidéo Halo, et à un nouveau Robocop, qui s’est également fait sans lui. On imagine sans peine à quel point le cinéaste sud-africain a pu être frustré par cette série de rendez-vous manqués avec les grands studios. Aujourd’hui, c’est donc aux commandes de Demonic, un film d’horreur indépendant, qu’on le retrouve avec plaisir.
Après tout, il ne s’agit là que d’un retour aux sources : Neill Blomkamp avait en effet fait ses débuts avec un petit film qui avait sidéré tout le monde, et après avoir bénéficié de plus gros budgets, il revient en quelque sorte aux « fondamentaux » avec Demonic, petit film tourné pendant la pandémie de COVID-19 et abordant le thème de la possession démoniaque sous un angle original et assez fascinant, évoquant par certains aspects – et sans trop en révéler sur l’intrigue – deux classiques du fantastique tournés il y a une vingtaine d’années : The Cell de Tarsem Singh et Vampires de John Carpenter.
Deux références prestigieuses donc, même si on regrette au final que le nouveau film de Neill Blomkamp ne s’impose pas d’entrée de jeu comme un film ayant réellement la même trempe que ses prédécesseurs. Demonic fonctionne globalement bien en termes de rythme et de frissons, mais on regrette néanmoins que Blomkamp ne se soit pas assez fait confiance (on qu’on le lui ait pas fait suffisamment confiance) en termes de visions et de bizarrerie. Le concept du film, et les nombreuses bonnes idées au cœur du script de Demonic auraient en effet permis au cinéaste d’aller beaucoup plus loin dans la singularité de son projet.
Le sujet de Demonic offrait en effet au cinéaste des possibilités quasiment infinies, dans le sens où le récit plonge l’héroïne Carly (Carly Pope) dans un univers de cauchemar. Secouée par son passé tout autant que par les retrouvailles avec sa mère Angela, elle perd peu à peu le sommeil, perturbée par de violentes hallucinations. Le personnage d’Angela (Nathalie Boltt) et ses actes passés sont par ailleurs une énigme tout à la fois pour sa fille et pour le public – le récit nous indique qu’elle a commis un crime sanglant et choisi la voie de l’autodestruction.
Au début de Demonic, il semble que Carly ignore que sa mère est toujours en vie ; un des enjeux du film réside dans les difficultés de Carly à faire face à cette information, et à surmonter le choc de se retrouver face à plusieurs figures du passé, réapparaissant toutes en même temps : parallèlement à sa mère, ce sont aussi Martin (Chris William Martin) et Sam (Kandyce McClure, alias Dualla dans Battlestar Gallactica) qui réapparaissent tout d’un coup dans sa vie. S’agit-il d’une coïncidence ? La question de leur « réalité » peut en effet se poser…
Une des particularités de Demonic est également, bien sûr, de plonger l’héroïne ainsi que le spectateur dans un univers « mental », prenant la forme d’une simulation virtuelle mise en images de façon fort habile par Neill Blomkamp. A la différence d’un film tel que The Cell néanmoins, on notera que les motivations de Carlay et celles de Therapol, le labo mettant sa technologie à sa disposition, sont tout à fait différentes. Carly y voit une ultime chance de se confronter à sa mère – il s’agit pour elle d’une catharsis, et donc d’une quête très personnelle – elle n’a ainsi que faire des intérêts et motivations de Therapol. Ce ne sera que plus tard que leurs intérêts se rejoindront – quand Demonic révélera sa nature inattendue de film « de possession ». Si on a hésité à révéler cette partie de l’intrigue, qui pourrait être considérée comme un « Spoiler », on s’est finalement ravisé en partant du principe que le thème de la possession est indiqué en gros sur la jaquette du Blu-ray édité par Metropolitan Vidéo, et que ce dernier est également révélé dans la bande-annonce du film.
Les effets visuels de Demonic sont subtils, bien intégrés et absolument remarquables. Loin d’être là pour épater la galerie, ils servent clairement le récit tout en permettant à Neill Blomkamp de développer au cœur de son film un angle absolument unique concernant le thème de la possession démoniaque. Malheureusement, au fur et à mesure que le récit avance vers son dénouement, le cinéaste s’éloigne progressivement de ce qui fonctionne réellement au cœur du film. Ainsi, les véritables enjeux des scientifiques de Therapol seront trio plutôt que de mettre en scène un final prenant place dans l’esprit dérangé d’Angela, le film bifurque vers un dernier acte certes efficace mais surtout beaucoup plus conventionnel – c’est dommage, mais ne boudons pas notre plaisir : en l’état, Demonic vaut encore largement que l’on s’y attarde !
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Demonic édité par Metropolitan Vidéo fait une nouvelle fois honneur à son support Haute Définition. Le transfert 1080p du film est en effet bluffant de précision, avec un piqué et un niveau de détail assez époustouflant. Si on met de côté une granulation peut-être un poil excessives sur les séquences se déroulant dans le noir, les couleurs dans l’ensemble sont belles et naturelles : tout est réuni pour rendre un puissant hommage aux cadres imaginés par Neill Blomkamp et son directeur de la photographie Byron Kopman. Qu’il s’agisse des plans d’ensemble ou de détail, tout est parfait. Un quasi sans-faute donc ! Côté bande sonore, VF et VO nous sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 de haute volée, naturellement riches en basses et en effets d’ambiance. Les dialogues sont par ailleurs toujours clairs ; on privilégiera la version originale, plus convaincante pour de simples raisons artistiques.
Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose de découvrir un making of très original dans son genre, dans le sens où il se compose de neuf vignettes tournées en Super-8, en couleur ou en noir et blanc, muettes mais révélant l’envers du décor de la façon inhabituelle et tout à fait unique.
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