« Exceptionnellement faibles en puissance », c’est en ces termes qu’un ingénieur de Google décrit la prestation de Webkit et des navigateurs sous iOS, contraints et forcés d’utiliser le moteur d’Apple. Ce manque de muscle contribuerait selon lui à ralentir tout le secteur du web.
Dans la bataille juridique officiellement engagée avec Epic Games, Apple essaye de convaincre les juges américains que son écosystème logiciel est bien moins fermé que ne le prétend la firme de Tim Sweeney. Cette démonstration pourrait prendre du plomb dans l’aile suite aux déclarations d’Alex Russell, un ingénieur logiciel de Google travaillant sur Chrome.
L’intéressé s’est livré à une attaque en règle contre les positions d’Apple sur le Web en s’en prenant notamment à la prestation de Webkit. Ce moteur, qu’Apple impose à tous les navigateurs souhaitant fonctionner sur son système iOS, les rendrait selon lui « exceptionnellement faibles en puissance » face aux versions Android.
Apple mettrait trop de temps à adopter les dernières fonctionnalités pour Webkit
D’après Alex Russel, dont les propos sont relayés par 9to5Google, l’origine du mal viendrait directement d’Apple, qui remettrait « constamment » à plus tard l’ajout de fonctionnalités importantes sur Webkit. Développées pour beaucoup en dehors du giron d’Apple, ces fonctionnalités « détiennent la clé pour déverrouiller des catégories entières d’expériences sur le web », explique Russel. D’après lui Apple retarderait quoi qu’il en soit l’adoption de ces nouveautés sur Webkit pour éviter que le web ne devienne « une alternative crédible à ses outils propriétaires et à l’App Store ».
Auprès de la justice américaine, l’un des principaux arguments d’Apple va pourtant dans le sens inverse. Face aux revendications d’Epic, le géant de Cupertino assure en effet que les développeurs ont toute liberté de distribuer des applications pour iOS depuis le web. Les déclarations d’Alex Russel pourraient donc dénoncer un double discours d’Apple.
Pour illustrer son propos, l’ingénieur de Google prend l’exemple de Stadia et d’autres services de cloud gaming. Après avoir refusé à ces plateformes l’accès à l’App Store, les forçant à passer par le web, Apple a retardé l’adoption sur WebKit des APIs nécessaires au support des manettes… et ce alors que les navigateurs sous Android les proposaient depuis des années. Un moyen d’entraver le lancement de services issus de la concurrence.
« Supposons qu’Apple ait mis en œuvre WebRTC et l’API Gamepad en temps voulu. Qui peut dire si la révolution du streaming de jeux qui a lieu actuellement n’aurait pas pu se produire plus tôt ? Il est possible qu’Amazon Luna, NVIDIA GeForce NOW, Google Stadia et Microsoft xCloud aient pu voir le jour des années avant », constate Russel, presque dépité.
Pire, cet état des lieux s’étendrait à d’autres fonctionnalités, comme le support nécessaire au codec libre de droits AV1. Pourquoi ne pas l’adopter plus vite sur Webkit et iOS ? Parce qu’Apple a tout intérêt à faire trainer l’affaire : le groupe perçoit en effet des redevances pour la norme concurrente HEVC (H.265).
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