Pour 2021, 3 résolutions pour que les GAFAM ne volent plus votre vie privée

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Dans quelques jours, nous quitterons enfin cette année 2020 marquée par la pandémie de la Covid-19. Une année très difficile pour beaucoup d’entres nous mais pas pour les GAFAM qui ont su profiter de cette période pour asseoir encore davantage leur domination.

Ils ont réalisé des bénéfices records tout en accélérant l’émergence d’une “société du sans-contact” où toute notre existence semble pouvoir se vivre derrière un écran. Un mirage technologique entretenu au prix de la préservation de notre vie privée, de notre libre arbitre et du lien humain.

Ne faites pas de votre Smartphone un mouchard de poche!

Il ne faut jamais oublier que la “société du sans-contact” est synonyme de la “société de la trace” et donc de la surveillance. Tous les mouvements opérés derrière un écran sont potentiellement mesurables. Prenons un exemple avec la clef de voûte de nos usages numériques: le Smartphone. Je propose une expérience aux détenteurs d’un iPhone: prenez-le en main (il ne doit pas être bien loin). Rendez-vous dans l’onglet “Service de localisation” qui se trouve dans la rubrique “Confidentialité” dans les “Réglages”. Vous y êtes? Ensuite, sélectionnez “Services système” et tout en bas enfin “Lieux importants”. À cet instant du parcours, on vous demande votre code d’ouverture et vous découvrez là (probablement avec stupeur) que l’ensemble de vos déplacements ont été enregistrés à la minute près avec les modes de transport empruntés. Un exemple sur le mien: “5 décembre, rue Benjamin-Franklin à Paris 13h22-15h47, arrivé après un trajet de 28 minutes en voiture.” Une cartographie exhaustive de mes déplacements alors même que je n’utilise pas d’application de GPS, mon iPhone suffit amplement. Ces données sont donc collectées par défaut par Apple qui s’en sert pour, je cite, “améliorer nos itinéraires intuitifs” et créer de “meilleurs souvenirs” dans l’application Photos. Est-ce bien nécessaire de laisser à l’entreprise un tel accès à nos déplacements? Même si la “Pomme” garantit la confidentialité des données, nous savons bien qu’elles restent vulnérables.

 

Il ne faut jamais oublier que la “société du sans-contact” est synonyme de la “société de la trace” et donc de la surveillance.

 

Je vous conseille donc de désactiver “lieux important” tout en vous rappelant que chaque application téléchargée sur l’Apple Store peut mettre en danger votre vie privée. Nous ne lisons jamais la ou les dizaines de pages qui recensent les conditions d’utilisation. Par paresse intellectuelle et dans un acte qui ressemble fort à un déni, nous acceptons d’être tracés comme si nous étions affublés de bracelets électroniques portés par les détenus. Toutes ces informations nourrissent des acteurs de l’ombre que sont les “data brokers” (courtiers en données). Ils établissent des profils ultra-ciblés avec parcours de consommation, modes de vie et habitudes personnelles.

Je vous conseille donc d’utiliser uniquement les applications qui sont indispensables à votre vie quotidienne et de désinstaller toutes les autres.

Assistants vocaux: questionnez la notion de progrès

La magie des GAFAM aura été d’être parvenue à persuader l’individu de se plier à la servitude volontaire. Et les assistants vocaux tels Amazon Echo ou Google Home, qui étaient encore il y a quelques années un fantasme, font désormais partie de nos meubles. Ces outils seront sans doute un jour intégrés dans les logements au même titre qu’un détecteur de fumée ou l’ampoule du salon. Comment avons nous pu céder à la tentation de ces gadgets si intrusifs? Aussi esthétiques soient-ils, ils ne sont pas moins qu’un micro en veille constante dans notre foyer, censé s’activer quand on l’interpelle. Mais pour réagir si promptement, comment ne pas craindre son écoute permanente?

 

Chaque application téléchargée sur l’Apple Store peut mettre en danger votre vie privée.

 

Ces assistants se sont d’ailleurs rendus coupables d’espionnage et de trahison à de maintes reprises aux États-Unis. En avril 2019, après les révélations de l’agence Bloomberg, Amazon a reconnu employer des milliers de personnes à travers le monde pour écouter et décrypter des bribes de conversations des usagers en prétendant entraîner la machine au langage humain. Et chaque jour, pourtant, des milliers d’individus l’installent en faisant taire leur petite voix intérieure au profit de celle robotisée d’Alexa ou d’une consœur. Ces nouvelles visiteuses à la voix douce et suave s’improvisent en tour de contrôle de notre maison connectée.

Pour reprendre le néologisme “furtif” imaginé par le romancier Alain Damasio, nous vivons dans une “conforteresse”, une prison induite par notre paresse. Cette paresse qui nous fait glisser dans le confort de la technologie et nous incite à ne pas mettre en cause nos pratiques. Sommes-nous vraiment prêts à compromettre notre vie privée pour simplement éviter de se lever de notre canapé dans l’espoir de tout commander à distance? Avec le développement des objets connectés, notre foyer n’est plus un refuge mais un autre émetteur intime de données personnelles. Dans la société du “sans-contact”, nous n’avons jamais été suivis d’aussi près par les outils technologiques tout en étant autant éloignés les uns des autres. 

Résistez à votre pulsion narcissique 

Nous devons dans la mesure du possible respecter une distanciation physique  avec… les réseaux sociaux. Ces applications sont conçues pour capter notre attention dans les moindres recoins de notre vie privée en nous poussant à la partager au plus grand nombre. Des outils qui entretiennent 24h/24 notre pulsion narcissique. Soit notre besoin vital d’être regardé, admiré et aimé. Des applications qui connaissent et exploitent les failles du cerveau humain.

 

Interrogez davantage votre élan de publication, ce moment a-t‑il vraiment besoin d’être partagé?

 

Dorénavant, interrogez davantage votre élan de publication, ce moment a-t‑il vraiment besoin d’être partagé? En quoi suis-je poussé à mettre en scène et divulguer sur les réseaux sociaux ce moment de “bonheur”? Je suis sans doute la victime d’un mécanisme qui m’échappe. En 2021, nous devons reconquérir notre liberté d’attention, lutter contre notre dépendance aux écrans et apprendre à déconstruire la fausse urgence de nos échanges connectés. Avant de dévoiler notre intimité sur les réseaux sociaux, interrogeons-nous sur les ressorts profonds de notre pulsion. De quoi se nourrit-elle? Dans les interludes de la vie quotidienne, acceptons de nous perdre dans nos pensées plutôt que de prendre par réflexe le raccourci vers notre Smartphone. Ne craignons pas d’affronter l’ennui et privilégions les contacts humains au détriment du recours systématique à la technologie, du GPS à l’achat en ligne. Laissons-nous surprendre par le hasard, les rencontres fortuites, les coïncidences et la poésie d’un échange non programmé.

Soyons des résistants enthousiastes et les artisans d’une société du lien humain et solidaire.

 

“La société du sans contact” de François Saltiel, éditions Flammarion, en savoir plus ici

 

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